Les 3 types de biodiversité et leur apport à l’humanité

L’état de la biodiversité est devenu un sujet d’actualité depuis quelques années. En effet, celle-ci décroit à une vitesse alarmante, et certains parlent déjà de sixième extinction de masse. Mais est-ce que cela représente un problème pour notre société ? Pour aborder ce problème, il faut d’abord définir la biodiversité, plus précisément les différents types de biodiversité, et ce qu’elle nous apporte.

La première est la diversité génétique : il s’agit de la diversité des gènes et allèles au sein d’une même espèce, et varie via plusieurs facteurs, comme la sélection, la dérive génétique, les mutations ou les déplacements de population. La seconde est la diversité spécifique : il s’agit de la diversité des espèces dans un écosystème donné (ton jardin, la France, ton ventre…). Elle est un des paramètres les plus importants pour évaluer l’état de santé d’un écosystème. Et la troisième est la diversité écosystémique : il s’agit de la diversité des écosystèmes constituant la biosphère, ainsi que de la diversité des interactions des populations avec leur environnement.

Outre la valeur intrinsèque que l’on peut lui attribuer, cette diversité a une valeur « matérielle » car nous bénéficions de ce qu’on appelle les systèmes systémiques. En effet, une forêt fournit des ressources via l’exploitation du bois, certaines espèces synthétisent des molécules pouvant être utilisées comme remèdes, et l’étude des génomes de certaines espèces peuvent nous aider à comprendre certains mécanismes moléculaires comme dans les cancers. En théorie, plus la diversité est grande, et plus les systèmes systémiques que nous percevons sont importants.

Cette richesse dans le vivant est néanmoins sujette à une forte baisse et ce, dû à un facteur majeur : l’activité humaine.

En effet, l’homme influence la biodiversité à tous les niveaux. L’agriculture intensive, l’industrie, la déforestation ainsi que d’autres activités humaines impactent négativement celle-ci. La sélection au sein des espèces domestiques diminue drastiquement leur diversité génétique, avec des conséquences graves sur ces espèces comme une augmentation de la consanguinité et l’apparition de maladies génétiques. La déforestation, l’exploitation intensive, la pollution et l’introduction d’espèces invasives altèrent les écosystèmes et mettent en danger les espèces vivants dans ces milieux, pouvant mener à leur extinction (un parfait exemple est notre premier article). Et enfin, l’aménagement urbain et agricole diminue la richesse des écosystèmes et par extension, des espèces.

La question se pose : ces pertes ont-elles ou auront-elles des conséquences sur l’humanité ?

La réponse à cette question est à la fois simple et compliquée. C’est en essayant d’y répondre que les scientifiques ont mis au jour une incohérence.

Le paradoxe de l’environnementaliste :

En effet, selon une vision environnementaliste, la diminution de la biodiversité conduirait à une chute des systèmes systémiques que nous percevons, et donc, d’une chute de notre bien-être. Néanmoins, on observe que plus la biodiversité chute, plus le bien-être de l’humanité augmente. C’est ce qu’on appelle le paradoxe de l’environnementaliste.

Source image : planeteviable.org

Ce paradoxe peut s’expliquer par le fait que la dégradation environnementale est liée à l’exploitation des ressources auxquelles nous sommes dépendants pour nos besoins et notre développement technologique. Selon cette théorie, le bien-être va augmenter jusqu’à que la perte des services systémiques dépasse un seuil « critique », ce qui entrainera une forte chute du bien-être de l’humanité. La réponse la plus logique serait donc de définir ce seuil « critique ». Seulement, ce seuil est compliqué à établir, car l’innovation technologique, plus « efficace » et écologique, a tendance à découpler le bien-être de la dégradation environnementale.

De plus, une question morale se soulève : est-ce moralement juste d’exploiter la biodiversité pour notre bien-être tant qu’on ne dépasse pas la limite ? Qui le définit ?

On ne sait pas encore quel est ce seuil, et si nous l’avons déjà atteint. Néanmoins, c’est une question primordiale si nous voulons préserver notre planète pour les futures générations.

 

Rédacteur : Valentin Djian

 

Sources :

Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité : qu’est-ce que la biodiversité ? : http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/societe/avec-la-societe/diffusion-de-connaissances/en-savoir-plus/qu-est-ce-que-la-biodiversite.html

Définition et raisons à l’origine du paradoxe de l’environnementaliste : https://planeteviable.org/definition-raisons-paradoxe-environnementaliste/

Raudsepp-Hearne, C. et coll. Untangling the environmentalist’s paradox: why is human well-being increasing as Ecosystem Services Degrade? BioScience 60 (2010) 576-589 (https://academic.oup.com/bioscience/article/60/8/576/304804)