Attendre l’hiver pour admirer la beauté des forêts blanchies par la neige ? Pas besoin pour les habitants de la côte californienne. Il est en effet possible d’observer des séquoias blancs dans les parcs nationaux de Humboldt Redwoods, Big Basin Redwoods ou encore Henry Cowell Redwoods. Sachant que la couleur des arbres leur est habituellement donnée par les pigments photosynthétiques comme la chlorophylle, indispensable à la réalisation de la photosynthèse des plantes et donc à la production de ressources vitales pour ces dernières, il est difficile d’imaginer des végétaux non colorés. Pour commencer, il a été admis que cette déficience est la conséquence d’une mutation dont nous ne connaissons pas la source exacte. Diverses hypothèses ont été proposées telles que l’impact d’ultraviolets ou la présence de métaux lourds.
Mais comment est-il possible d’observer la persistance d’individus dépourvus de pigmentation qui, atteignant parfois des hauteurs de 30m, semblent en bonne santé ? C’est la question que Zane Moore a tenté de résoudre lors de sa thèse à l’Université de Californie à Davis.
Sans pouvoir réaliser la photosynthèse et donc sans toutes les ressources qui leur sont vitales, ces arbres devraient mourir, mais ils survivent, et continuent même de croître. Il a été observé que la plupart du temps, ces derniers sont présents sur des sols secs. Ainsi, des analyses ont été faites et ont montré qu’ils contenaient des quantités importantes de métaux lourds tels que le nickel, le cuivre ou le cadmium. Il a alors été admis que ces derniers sont deux fois plus présents dans le tronc des individus albinos que dans les individus verts et représentent donc un danger habituellement mortel. Pourtant, ces arbres blancs sont bel et bien vivants. Les métaux lourds étant connus pour perturber la production de chlorophylle chez les végétaux, ils n’ont pas d’effet néfastes sur les albinos qui ne pratiquent pas la photosynthèse. Les métaux lourds ne peuvent donc pas entraver ce processus et ne sont alors pas dangereux pour eux.
Mais comment expliquer la croissance de ces arbres qui ne pratiquent pas la photosynthèse ? Il s’avère que ces arbres ont développé un système d’échange via les sols, avec des végétaux chlorophylliens. En effet, grâce à une collaboration via les racines, les individus apigmentés récupèrent des sucres et donc de l’énergie métabolisée par les arbres verts. Cette observation semble cohérente avec le fait que les arbres albinos ne survivent pas plus de quelques semaines en pépinières, dans lesquelles ils sont élevés séparément et n’ont donc pas de contact avec des arbres au phénotype sauvage. Dans la nature, une sorte de symbiose se crée donc, avec pour contrepartie l’effet dépollueur de nos sujets d’étude qui stockent les métaux. C’est cette capacité qui leur permet alors de lutter face à d’autres pressions de sélection et de ne pas disparaître, en s’étant trouvé une place importante dans leur écosystème.
Article rédigé par Sonia Mignon
Bibliographie :
- https://www.science-et-vie.com/archives/l-anomalie-photosynthetique-la-foret-albinos-22609
- https://patents.google.com/patent/USPP29606P3/en
- Sequoia sempervirens (D. Don) Endl. Redwood Taxodiaceae Redwood family David F. Olson, Jr., Douglass F. Roy, and Gerald A. Walters
- Source photographique : https://www.science-et-vie.com/archives/l-anomalie-photosynthetique-la-foret-albinos-22609