L’épidémie chez les Diables de Tasmanie

Photographié en 2008, un diable de Tasmanie vivant en captivité au Something Wild Animal Sanctuary, en Tasmanie, ...

Le Diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii) est considéré comme le plus grand marsupial carnivore d’Australie. Auparavant, c’était le Tigre de Tasmanie qui occupait cette place jusqu’à son extinction et il semblerait bien que le Diable de Tasmanie soit confronté à une situation similaire. Ces marsupiaux font face à une maladie émergente qui pourrait causer leur perte. 

Il faut savoir qu’il y a 400 ans, le Diable de Tasmanie occupait l’intégralité du territoire austral. Mais désormais, on ne le retrouve plus que sur l’île de Tasmanie, d’où son nom. C’est un animal pesant entre 4,1 kg et 12 kg, au pelage noir avec des marques blanches au niveau de la poitrine et des épaules. Selon Dewey et al., leur espérance de vie est d’environ six ans. 

Cependant, les Diables de Tasmanie sont touchés par une maladie que l’on a surnommée « Devil Facial Tumor Disease » (DFTD) en 2005. Cette maladie se caractérise par une déformation de la face, de la tête ou du cou par des tuméfactions. Une « tuméfaction désigne le gonflement d’un tissu, d’un organe ou d’une partie du corps » (Passeportsante.net). Cette maladie est la cause de la diminution d’environ 85% de cette espèce dans certaines régions. Elle a été détectée en 1996 dans le nord-est de la Tasmanie puis la maladie s’est propagée sur les deux tiers de l’aire de répartition de l’espèce. La maladie provoque une incapacité à se nourrir à cause des ulcères présents dans la bouche de l’animal. Cela engendre un amaigrissement puis une cachexie (fonte du tissu adipeux et des muscles) et enfin cela provoque la mort de l’animal. 

Un diable de Tasmanie souffrant d’une tumeur faciale est allongé à côté d’une carcasse sur cette ...

Diable de Tasmanie atteint de la maladie. © Dave Watts

Ce qui est particulier avec cette maladie est qu’elle est transmissible. On ne s’attend pas en général à ce qu’une tumeur soit transmissible. Diverses hypothèses ont été émises. Cette tumeur se serait disséminée lors de morsures. Le Diable de Tasmanie est un animal bagarreurs et il arrive souvent que ces animaux se mordent lors de la période de reproduction ou bien pour de la nourriture. Lors de ces morsures, du matériel infectieux se transmet. 

Des chercheurs ont voulu mieux comprendre comment la maladie se transmettait, notamment le taux de transmission. Pour cela, ils ont utilisé une technique : la phylodynamique. Celle-ci consiste en la reproduction de la propagation d’un agent pathogène afin d’étudier son évolution en analysant les gènes. Sur des échantillons du début des années 2000, le taux de transmission était de 3,5. Mais sur des échantillons de 2015, le taux de transmission est d’environ 1. Cependant, cela pourrait s’expliquer par le plus faible nombre de Diables de Tasmanie. S’il y a moins d’animaux, alors la maladie se transmet moins. 
Les Diables de Tasmanie sont actuellement en danger d’extinction. Si la cause principale de leur extinction est la maladie de la tumeur faciale transmissible du diable de Tasmanie, ce n’est pas la seule. Chaque année, des diables de Tasmanie sont écrasés sur les routes et tués. Par ailleurs, une autre menace pour ces marsupiaux est la disparition de leur habitat.

Alizée Fernandes Pereira

Sources : 

  • « Diables de Tasmanie : la tumeur faciale qui les touchait serait de moins en moins contagieuse ». National Geographic, 11 décembre 2020, https://www.nationalgeographic.fr/animaux/diables-de-tasmanie-la-tumeur-faciale-qui-les-touchait-serait-de-moins-en
  • Kwon, Young Mi, et al. « Evolution and Lineage Dynamics of a Transmissible Cancer in Tasmanian Devils ». PLOS Biology, vol. 18, no 11, novembre 2020, p. e3000926. PLoS Journals, https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3000926.
  • Sources photographiques : « Diables de Tasmanie : la tumeur faciale qui les touchait serait de moins en moins contagieuse ». National Geographic, 11 décembre 2020, https://www.nationalgeographic.fr/animaux/diables-de-tasmanie-la-tumeur-faciale-qui-les-touchait-serait-de-moins-en.