Beaucoup d’idées reçues et de préjugés circulent dans notre société. Malheureusement, ceux-ci ont plutôt tendance à avoir l’effet inverse que celui envisagé, et à empêcher la rémission voir aggraver la condition de la personne souffrant d’idées suicidaires. On va remédier à tous ça dans cet article.
Tout d’abord, on parlera ici de suicide qu’on pourrait appeler « pathologique », c’est-à-dire le comportement suicidaire que subit la personne. On ne parlera donc pas des suicides de masse, religieux ou encore attentats suicides. Maintenant que l’on a définit le terme de suicide, parlons un peu des différentes origines des comportements suicidaires, ainsi que de ces fameuses idées reçues.
Les origines du mal :
Tout d’abord, il est assez évident que les comportements suicidaires sont associés à un mal psychologique. En effet, ils sont souvent associés à la dépression. Le comportement suicidaire peut apparaître à cause de facteurs de risque suicidaires classés en deux catégories : les facteurs dits internes, et les facteurs dits « externes ».
Les facteurs de risque internes sont des facteurs propres à l’individu. On y retrouve les maladies, mentales (dépression, addictions, …) comme physiques (cancer, SIDA, …), mais également des maltraitances physiques et sexuelles durant l’enfance, ainsi que l’orientation sexuelle du patient. Attention, cela ne veut pas dire que les personnes homosexuelles et bisexuelles soient plus « faibles » face au suicide, bien au contraire. Les chercheurs pensent que cette corrélation entre homosexualité et suicide se jouerait plus par rapport aux contraintes et au rejet social/stigmatisation dont ils sont victimes.
Les facteurs de risque externes sont des facteurs issus de l’environnement (social, familial, …) du patient. Les principaux facteurs externes sont l’isolement social, le chômage, ainsi que les évènements douloureux et traumatisants comme un deuil ou une séparation. On peut également y compter des cas plus complexes comme l’imposition d’un style de vie, par exemple le rôle de femme au foyer imposé à certaines femmes.
En plus de ces facteurs, une autre étude menée en 2007 semblerait indiquer des risques accrus de développer des comportements suicidaires chez les populations d’Europe de l’Est. En observant les 9 pays ayant le plus haut taux de suicide en 1999 (la Lituanie, la Russie, la Biélorussie, l’Estonie, la Lettonie, la Hongrie, l’Ukraine, la Slovénie et la Finlande) sont tous des pays de l’Est de l’Europe dont les populations sont voisines et dont la répartition correspond à peu près aux extrêmes de répartition des langues Finno-Ougriennes, une famille de langue parlée par des peuples arrivés par l’Est de l’Europe il y a plus de 4000 ans. Les populations des pays étudiés descendant de ces peuples, il est possible que ceux-ci aient développé une « tendance » biologique au suicide. Bien que cette théorie n’ait pas encore été confirmée, elle soulève la question d’une origine génétique du suicide
Et malheureusement, c’est le cas. Des études menées ces dernières années semblent indiquer des causes génétiques dans le comportement suicidaire. En effet, les idées suicidaires pourraient être reliées à des anomalies des neurotransmetteurs, elles-mêmes causées par des allèles spécifiques pour certains gènes. Par exemple, une étude menée en 2003 sur les différents gènes liés au système sérotoninergique et les comportements suicidaires a montré une corrélation entre la présence de certains allèles pour ces gènes et les comportements suicidaires chez les individus ayant ces allèles.
Néanmoins, ce n’est pas une fatalité : posséder ces allèles ne vous condamne pas au suicide. Tout comme pour d’autres maladies comme le diabète, ces allèles augmentent simplement le risque qu’une personne adopte des comportements suicidaires au cours de sa vie. L’expression de ceux-ci dépendant également de l’environnement, l’idée du déterminisme génétique, de fatalité, peut être écartée.
Aider à la guérison :
Le chemin vers la rémission est un chemin long et difficile, et il est important que la personne souffrant de comportements suicidaires soit accompagnée et aidée durant cette période. Outre le fait d’amener cette personne consulter un psychologue, il est important de parler avec la personne du sujet. Contrairement à une idée reçue, parler de suicide ou demander à une personne si elle a des pensées suicidaires ne favorisera pas un comportement suicidaire, bien au contraire. La personne souffrant de ces troubles n’osera pas en parler si personne ne lui en parle, de peur de déranger son entourage. De même, l’idée reçue qu’une personne confiant avoir des idées de suicide à quelqu’un n’est qu’un chantage affectif et qu’il ne passera pas à l’acte est, outre complètement infondée, très dangereuse pour les personnes souffrant de troubles suicidaires.
Plusieurs éléments permettent de savoir si une personne présente des risques suicidaires. L’expression constante d’une douleur morale ou d’une tristesse profonde et des changements de comportement, ainsi qu’une culpabilité constante et exprimée sont des signaux d’une douleur profonde chez la personne et autant de sources de pensées suicidaires. De même, alarmez vous si une personne se met soudain à écrire son testament et à planifier ses funérailles.
Pour conclure, j’aimerai rappeler qu’il existe beaucoup de dispositifs mis en place en France pour soigner les comportements suicidaires, comme des lignes téléphoniques telles que Suicide Ecoute (01.45.39.40.00), SOS Suicide Phénix (01.40.44.46.45 / 0825.12.03.64) ou encore Nightline Paris pour les étudiants (01 88 32 12 32), ainsi que des thérapies médicales dispensables par un médecin ou un psychologue. Le suicide n’est une fatalité que si vous abandonnez, car il est possible de s’en soigner.
Rédigé par Valentin Djian
Sources :
Victoria Arango, Yung-yu Huang, Mark D.Underwood, J. John Manna (2003). Genetics of the serotonergic system in suicidal behavior, Journal of Psychiatric Research, Volume 37, Issue 5, September–October 2003, Pages 375-386 : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022395603000487
Le suicide – PSYCHOTIK : https://www.youtube.com/watch?v=LLwINvbaOE8&t=25s
Voracek M, Loibl LM, Kandrychyn S. (2007). Testing the Finno-Ugrian suicide hypothesis: replication and refinement with regional suicide data from eastern Europe, Perceptual and Motor Skills, 2007 July ; 104 (3 Pt 1) : 985-94.
Clement C. Zai, Vincenzo de Luca, John Strauss, Ryan P. Tong, Isaac Sakinofsky, and James L. Kennedy. Genetic Factors and Suicidal Behavior, The Neurobiological Basis of Suicide, 2012, Chapter 11