Cloner des singes pour guérir des maladies mentales, quel est le projet fou de la Chine ?

Une équipe de chercheur de l’Institut de neurosciences de Shanghai a annoncé en janvier 2019 avoir modifié génétiquement un macaque afin qu’il développe des troubles du rythme circadien. Ce spécimen a ensuite été cloné à cinq reprises, les bébés qui en sont nés ont rapidement montré, comme attendu, des signes de problèmes mentaux (dépression, anxiété, comportements liés à la schizophrénie) associés à ces troubles du sommeil. Les résultats ont été présentés par les médias chinois comme une première mondiale.

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Cette initiative pourrait dans un premier temps, diminuer l’utilisation des singes dans les expérimentations animales. Il est important de noter que les Etats-Unis importent à eux seuls de 30 000 à 40 000 singes chaque année pour la recherche médicale. 

Dans un second temps, l’objectif serait d’aider la recherche sur les maladies psychologiques humaines. En effet, les laboratoires pourront tester l’efficacité de leurs traitements expérimentaux en travaillant sur des animaux génétiquement semblables (ayant des maladies spécifiques) avant de mener des essais cliniques. Essais pour lesquels plusieurs milliers de patients sont nécessaires à cause de la grande variété génétique de l’homme. L’idée serait de travailler sur un petit groupe d’animaux génétiquement semblables, afin de tester beaucoup plus rapidement de nouvelles molécules sans avoir à les essayer sur l’Homme. Leur prochain objectif est de cloner des singes présentant des maladies cérébrales différentes afin d’avoir un panel de troubles plus larges sur lequel travailler. 

L’institut de neurosciences de Shanghai avait déjà attiré l’attention des médias, un an plus tôt, en janvier 2018. Ses chercheurs étaient parvenus à faire naître pour la première fois des singes génétiquement modifié par technique de clonage somatique (par cellules non reproductive). C’est la même technique qui avait été  utilisée, il y a plus de 20 ans pour la célèbre brebis Dolly, premier mammifère cloné. 

Ce type d’expérimentations biomédicales font souvent polémique. La dernière en date remonte à novembre 2018, lorsque le chercheur chinois He Jiankui avait annoncé avoir fait naître deux bébés humains dont les gènes avaient été modifiés pour les protéger du virus du Sida. Très critiqué par la communauté scientifique internationale, il est désormais visé par une enquête de police et a été démis de ses fonctions dans l’université du sud de la Chine où il officiait.

Les scientifiques chinois ont reconnu que leurs travaux allaient susciter de nouvelles craintes concernant le clonage humain. « On peut effectivement cloner des êtres humains, mais je pense que personne ne veut réellement le faire. La société ne le permettrait pas mais une fois qu’une nouvelle technique apparaît, le risque d’une mauvaise utilisation existe. »a dit Muming Poo directeur de l’institut de Shanghai lors d’une conférence.

Pour le professeur Darren Griffin de l’université britannique de Kent, « l’annonce du premier clonage d’un primate va sans aucun doute soulever des inquiétudes éthiques, les critiques évoquant l’argument du pas de plus nous rapprochant du clonage humain. » Reste que, a-t-il souligné, « le clonage de primates sera très utile pour comprendre des maladies humaines, surtout génétiques, et découvrir des traitements. »

Article rédigé par Clara Lerebourg

Bibliographie :