L’éthologie

La conservation de la biodiversité passe bien souvent par la compréhension de celle-ci, afin d’optimiser les mesures mises en place pour mieux la protéger. De nombreuses disciplines scientifiques contribuent à la compréhension de la nature qui nous entoure, comme l’éthologie, c’est-à-dire l’étude du comportement animal. 

Le but de cette discipline est de comprendre les phénomènes, les lois ainsi que les principes qui poussent un animal (l’homme inclus) à agir d’une façon ou d’une autre.

Elle regroupe différentes disciplines telles que la psychologie, l’anthropologie, la génétique, la biologie de l’évolution, l’étude des interactions intra et interspécifiques ou encore la neurobiologie.

Une branche de l’éthologie s’attarde plus particulièrement sur les émotions des animaux : il s’agit de l’éthologie cognitive. Outre leurs émotions, elle s’attache aussi à comprendre leurs opinions, la façon dont ils traitent les informations et leur perception du monde qui les entoure et d’eux-mêmes.

Nikolaas Tinbergen Ⓒ Rob Mieremet 1973

Nikolaas Tinbergen, “le naturaliste curieux”, est un des fondateurs de l’éthologie. Le scientifique d’origine hollandaise obtient le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1973 avec Karl von Frisch et Konrad Lorenz pour leur travaux sur le comportement animal. Il a mis au point une grille d’étude du comportement animal et propose aux chercheurs de se questionner sur quatre points :

  1. L’évolution du comportement
  2. L’adaptation des espèces à leur environnement grâce à une action spécifique
  3. La causalité, en d’autres termes ce qui provoque un comportement spécifique chez l’animal
  4. L’ontogenèse, c’est-à-dire comment un comportement survient et se poursuit tout au long de la vie de l’animal

Ces questions permettent encore aujourd’hui de définir les recherches en éthologie.

L’éthologie est d’une importance primordiale dans certains écosystèmes pour faire face aux confrontations homme/animal. 

Mieux comprendre l’animal permet d’éviter des fins malheureuses pour les deux espèces. 

Un exemple probant est le conflit existant entre les hommes et les éléphants d’Asie (Elephas maximus). Le comportement et les décisions prises par ces pachydermes sont peu analysés et donc mal compris, ce qui menace la conservation de l’espèce.

Ⓒ Aenic Visuals 

Une étude réalisée en 2012 par des chercheurs en Inde avait pour but de comprendre le comportement des éléphants d’Asie dans les paysages fragmentés.

Ils ont démontré que les éléphants modifiaient leurs mouvements et réduisaient le temps consacré à leur alimentation à cause de l’augmentation des perturbations humaines. 

En effet, l’étude montre que l’animal passe la majorité de son temps à rechercher de la nourriture. Or, du fait des activités humaines, cette activité se fait de plus en plus courte et menace la bonne santé de ces individus.

Les chercheurs proposent une hypothèse selon laquelle les éléphants se déplacent plus vite dans les zones de perturbation pour éviter au maximum la menace humaine.

Le parc national du Bannerghatta au sud de l’Inde est confronté à ces conflits, notamment à la destruction des cultures par des groupes d’éléphants. Le gestion et la conservation de cette espèce dépend de l’analyse du comportement des pachydermes. 

L’étude a pu mettre en évidence que les groupes d’éléphants privilégiaient les milieux peu fréquentés par l’Homme et présentant des ressources humaines, comme les cultures. Ils en sont donc arrivés à la conclusion que les zones dédiées aux éléphants devaient être le moins perturbées possible par l’Homme afin d’éviter des conflits.

L’éthologie a eu un rôle primordial pour cette étude car les chercheurs ont dû procéder à des analyses du comportement des éléphants. Cela montre bien que cette discipline est nécessaire à la gestion et à la conservation de la biodiversité.

De nombreuses personnes utilisent l’anthropomorphisme en pensant faire de l’éthologie. Or, il s’agit de décrire le comportement animal en utilisant des caractéristiques du comportement humain.

Bien que plusieurs éthologues ne se préoccupent pas de cette confusion, d’autres cherchent à éviter au maximum cet abus de langage.

GRIMONPONT Laure

Sources : 

  • Livre : Bekoff, Marc, et al. Les émotions des animaux. Éd. Payot & Rivages, 2012.
  • Livre : Renck, Jean-Luc, et Véronique Servais. L’ éthologie: histoire naturelle du comportement. Ed. du Seuil, 2002.