© Paul Maritz
Le zèbre du genre equus est un mammifère vivant dans la savane africaine. Sa particularité se trouve dans ses rayures noires et blanches. Contrairement à la plupart des mammifères, qui ont un pelage unis de couleur brune ou grise, le zèbre fait exception avec ses rayures bicolores.
La question que l’on peut se poser est pourquoi des rayures ?
Au stade foetal, le zèbre est entièrement noir, ce qui répond déjà à la question “A-t-il des rayures blanches sur fond noir ou des rayures noires sur fond blanc ?” : le zèbre a donc des rayures blanches sur fond noir.
Plusieurs hypothèses réparties en 5 catégories ont été émises pour comprendre l’utilité de ces rayures .
La première, évoquée par Wallace et Darwin, voudrait que les rayures servent de camouflage à l’animal. Pour eux, les rayures se confondaient avec les arbres et permettaient aux zèbres de passer inaperçus pour les prédateurs. Cette théorie a été écartée car les zèbres sont plus actifs lors des heures sombres, par conséquent ils n’ont pas besoin de se camoufler derrière un arbre alors qu’il n’y a pas de lumière.
Une autre hypothèse est que les rayures permettraient de réguler la température de l’animal.
Il y aurait la mise en place de convection de refroidissement, les bandes blanches réfléchissant la lumière quand les bandes noires absorbent la chaleur. Cette hypothèse expliquerait l’utilité de rayures sur son dos mais n’apporterait pas de logique à la présence de rayures sur son flanc par exemple.
Cette hypothèse a elle aussi été écartée pour plusieurs autres raisons. Une expérience a été réalisée en peignant des barils d’eau avec des rayures pour recréer la robe du zèbre, mais aucun avantage thermique n’a été mis en évidence lors de cette expérience.
Cependant, des zèbres ont été filmés avec des caméras thermiques et les chercheurs ont détecté une légère différence de signature thermique entre les couleurs, les rayures blanches étant plus froides que les noires pendant la journée.
Cela pourrait expliquer un possible refroidissement du corps de l’animal en fonction de son exposition au soleil, même si une simple observation de ce type ne permet pas de conclure sur cette hypothèse.
Les rayures pourraient aussi faciliter les interactions entre les individus de l’espèce. Elles permettraient aux différents individus d’un troupeau de se reconnaître. Même si cette théorie est plausible, elle a été mise de côté car les autres espèces d’équidés dépourvus de rayures arrivent à s’identifier au sein d’un groupe.
Une autre possibilité serait que les rayures induisent les prédateurs en erreur, c’est-à-dire qu’elles brouilleraient la vision des prédateurs et diminueraient la précision de l’attaque de celui-ci.
En effet, les rayures fausseraient l’estimation de la taille et de la forme de l’animal.
Toutefois, une recherche de Melin & al. a conclu que les rayures n’avaient pas d’impact sur la vision des prédateurs : en effet les résultats obtenus n’avaient aucune cohérence entre eux, par conséquent aucune conclusion n’a pu être formulée. Ils ont également constaté que les proies rayées ne sont pas nécessairement plus difficiles à attraper que les proies non rayées.
Il faut aussi savoir que les zèbres sont les proies préférées des lions dans plusieurs zones en Afrique. Les lions n’étant pas les meilleurs chasseurs de la savane, si les zèbres étaient plus difficiles à attraper que les autres proies disponibles, ils ne s’attaqueraient pas à eux aussi souvent.
Enfin une dernière suggestion, et qui serait sans doute la véritable raison de l’apparition des rayures chez le zèbre, est une adaptation antiparasitaire.
Cette observation remonte aux années 40 : à cause des rayures, les mouches piqueuses ne seraient pas capables de s’arrêter et donc de s’accrocher à l’animal.
La présence de rayures serait plus importante en présence de la mouche tsé-tsé, qui est une espèce de mouche présente dans le même habitat que le zèbre.
© Geoffrey M.Attardo
Dans une étude de Caro Tim & al., il est expliqué que les mouches tsé-tsé sont moins susceptibles d’atterrir sur les rayures. Même si elles repèrent leurs hôtes à l’odeur, la vision est non négligeable pour l’atterrissage dans le pelage. Pour le zèbre, la mouche serait incapable de freiner à l’approche de l’animal et donc ne pourrait pas piquer la peau.
Les rayures provoqueraient une diminution du contraste entre la forme de l’animal et l’arrière-plan : on peut voir ça comme si le zèbre disparaissait dans le décor.
Des observations dites “indirectes” permettent d’appuyer cette théorie, d’une part les mouches tsé-tsé se nourrissent très peu du sang du zèbre et ensuite l’infection à la trypanosomiase transportée par la mouche est très faible chez le zèbre.
On peut se demander alors pourquoi les zèbres doivent-ils plus se protéger des mouches que les autres équidés ?
Une première réponse serait liée à l’épaisseur du poil. Celui du zèbre est plus fin, entre autres, que le cheval de Przewalski qui vit lui aussi en Afrique. Cette fine épaisseur le rendrait plus sensible aux piqûres de mouches.
La nécessité de se protéger des parasites viendrait peut-être du fait que les équidés rayés seraient plus vulnérables face à certaines maladies transportées par les mouches piqueuses.
En conclusion, la présence de rayures sur le zèbre serait une adaptation acquise lors de l’évolution, afin de se protéger des mouches piqueuses susceptibles de lui transmettre des maladies potentiellement mortelles pour lui.
GRIMONPONT Laure
Sources :
- Caro, Tim, et al. « The Function of Zebra Stripes ». Nature Communications, vol. 5, no 1, avril 2014, p. 3535. www.nature.com, https://doi.org/10.1038/ncomms4535.
- Caro, Tim. « Zebra Stripes ». Current Biology, vol. 30, no 17, septembre 2020, p. R973‑74. www.cell.com, https://doi.org/10.1016/j.cub.2020.07.009.
- Melin, Amanda D., et al. « Zebra Stripes through the Eyes of Their Predators, Zebras, and Humans ». PloS One, vol. 11, no 1, 2016, p. e0145679. PubMed, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0145679.
- Science-et-vie.com. Le zèbre est-il blanc avec des rayures noires, ou l’inverse ? – Science & Vie. 14 novembre 2021, https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/le-zebre-est-il-blanc-avec-des-rayures-noires-ou-l-inverse-48507.
- Point.fr, Le. « Le mystère des rayures des zèbres enfin résolu ». Le Point, 21 février 2019, https://www.lepoint.fr/sciences-nature/le-mystere-des-rayures-des-zebres-enfin-resolu-21-02-2019-2295340_1924.php.
Sources photographiques :
- Mayer, Nathalie. « Le mystère des rayures de zèbre enfin expliqué ? » Futura, https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/faune-mystere-rayures-zebre-enfin-explique-61528/.
- « Le code génétique de la mouche tsé-tsé enfin décrypté ». Sciences et Avenir, 25 avril 2014, https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-code-genetique-de-la-mouche-tse-tse-enfin-decrypte_23087.