Le placébo

Lors des essais cliniques, les patients ne savent généralement pas s’ils prennent un vrai médicament ou un placebo. Or, s'ils sont bien conditionnés, les patients semblent soulagés par un placebo tout en sachant qu'il ne contient aucun principe actif. © Victor, Flickr, CC by 2.0
© Victor, Flickr, CC by 2.0 

Un placebo est un traitement n’ayant aucune efficacité pharmacologique propre. Il fonctionne par des mécanismes psychologiques et physiologiques. Mais en quoi peut-il influencer un patient ?

Le placebo influe sur différents types de signes. En premier lieu, il agit sur des signes dits psychologiques tels que la douleur, l’anxiété ou bien la dépression. Mais, il agit aussi sur des signes mesurables cliniques et biologiques parmi lesquels on retrouve la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la cortisolémie ou bien encore l’ionogramme sanguin.

Plus précisément, il agit via l’effet dit “placebo”. Celui-ci est étudié depuis les années 1950 et il peut se définir comme “la différence entre l’effet observé (lors de l’administration d’un médicament ou traitement) et celui attribuable à l’action pharmacologique d’un médicament.” (Le placébo à l’hôpital, Anne Héron et al. 2019)

Il existe diverses formes de placebo. Tout d’abord, nous avons la “chirurgie placebo” aussi appelée chirurgie blanche. Un patient ne sait pas s’il a réellement été opéré ou non. Les chirurgiens laissent une cicatrice au niveau du site opératoire. De ce fait, le patient ne doit pas pouvoir savoir si l’opération a vraiment eu lieu. Dans certains cas, par exemple chez des patients atteints d’arthrose au niveau du genou, on peut observer un impact bénéfique avec une diminution de la douleur.

Nous retrouvons aussi des placebos médicamenteux parmis lesquels les placebos purs et impurs.  Les placebos purs sont dépourvus de composés actifs et spécifiques (par exemple : des comprimés d’amidon ou de sucre, etc.). Ils se distinguent des placebos dits impurs qui sont des traitements ayant des principes actifs démontrés mais inefficaces dans le cadre de la pathologie pour laquelle ils ont été administrés (ex : des vitamines pour soigner une maladie non liée à des carences alimentaires).

Plusieurs paramètres influencent la réponse psychologique ou physiologique du patient au placébo. Cela dépend du contexte environnemental, culturel mais aussi du pouvoir de conviction du médecin qui est déterminé par l’empathie et la confiance qui lui est accordée. D’autres paramètres influencent son efficacité, comme sa voie d’administration (injections ou sous forme de gélules) ou encore sa couleur (les couleurs froides étant associées au calme et les chaudes sont stimulantes).

L’administration d’un placebo peut aussi entraîner l’apparition d’effets regroupés sous le terme d’effets nocebo : ils correspondent à l’aggravation des symptômes cliniques ou à la survenue d’effets secondaires, comme par exemple des maux de têtes, somnolence. Il est donc important que le patient soit mis au courant qu’il est soumis à un placebo.

Les traitements placebo jouent un rôle important en médecine. Par exemple, les placébos peuvent être utilisés comme contrôles pour déterminer les effets spécifiques d’un nouveau traitement. On peut prendre l’exemple d’un contrôle négatif du placébo, qui sert de témoin et permet de distinguer si deux traitements A ou B sont efficaces ou non.

Réponses des professionnels de santé déclarant utiliser des placebos dans des unités de médecine polyvalente. A. Les professionnels utilisent les placebos dans diverses circonstances : insomnie, douleur et anxiété (histogramme), pour obtenir un effet placebo chez les patients difficiles ou pour rassurer le patient (diagramme circulaire). B. L’histogramme illustre le moment où le patient reçoit le placebo (le plus souvent la nuit). C. Histogramme révélant que le patient reçoit le placebo majoritairement après prescription médicale. D. Les patients ne sont presque jamais informés qu’ils reçoivent un placebo. ***p < 0,001 : degré de significativité des différences inter-groupes. NR : non renseigné.

Source : Le placébo à l’hôpital, Anne Héron et al. (2019)

Une enquête réalisée par des scientifiques en 2019, s’adressant aux professionnels de santé pratiquant la médecine polyvalente dans les hôpitaux publics de France métropolitaine, montre qu’en moyenne 65% des professionnels du personnel hospitalier utilisent des placebos. Ils sont principalement administrés en cas d’insomnie (63%), de douleur (54%) et/ou d’anxiété le plus souvent la nuit (dans 65% des cas), le patient n’étant pas informé dans 86% des cas qu’il reçoit un placébo.

L’effet placebo a été démontré mais il ne peut pas remplacer un traitement conventionnel. Il est important qu’il soit utilisé à bon escient et avec prudence afin d’éviter un effet nocebo qui pourrait être inconvénient pour le patient.

BRUNET Andréa

Sources :

  • Héron, Anne, et al. « Le placebo à l’hôpital – Regard sur son utilisation dans les services de médecine polyvalente ». médecine/sciences, vol. 35, no 8-9, août 2019, p. 674-81. www.medecinesciences.org, https://doi.org/10.1051/medsci/2019127
  • Casassus, Philippe. « Effet placebo ? Effet nocebo ? Qu’en sait-on ? » Médecine des Maladies Métaboliques, vol. 15, no 2, mars 2021, p. 194-200. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.mmm.2021.01.012
  • McQuay, H. J. « Placebo ». Postgraduate Medical Journal, vol. 81, no 953, mars 2005, p. 155-60. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1136/pgmj.2004.024737

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