Le corps humain peut-il encore évoluer ?

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In utero le fœtus subit de nombreux changements, notamment au niveau de son réseau cardio-vasculaire. Par exemple, durant les deux premiers mois de la grossesse les membres supérieurs sont vascularisés par les artères médianes. Celles-ci se divisent à la fin de la huitième semaine de développement et laissent place à l’artère ulnaire du côté médial et à l’artère radiale du côté latéral qui vascularisent les avant-bras et les mains. 

Dans certains cas, cette artère médiane ne disparaît pas et s’additionne aux deux artères précédentes : c’est ce que l’on appelle une variation anatomique. La présence de ce vaisseau supplémentaire a intrigué les chercheurs et en particulier la Dr Teghan Lucas diplômée de l’académie d’Adélaïde dont les recherches ont permis d’établir le concept de « micro-évolution des humains modernes ». 

Cette particularité physique, autrefois rare, s’est répandue des années 1880 à nos jours. En effet, les études menées par la Dr Teghan et ses pairs estiment que 30% de la population actuelle est porteuse de cette particularité contre 10% au 19e siècle et que d’ici 2100 la quasi-totalité de la population en sera porteuse. Les chercheurs se sont donc intéressés à l’origine de cette persistance. Ils ont déclaré que la cause résiderait dans une mutation génétique ou serait le résultat d’une pathologie maternelle. 

Une telle modification de la structure du membre supérieur pourrait présenter des avantages comme des inconvénients selon les chercheurs. D’une part, les avant-bras et les mains reçoivent plus de sang, permettant respectivement un renforcement et un contrôle plus fin de ces derniers. D’autre part, la présence de cette artère médiane pourrait augmenter le risque de syndrome du canal carpien de l’individu.

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La présence d’une troisième artère dans les avant-bras n’est pas la seule variation anatomique étudiée ces dernières années. En 2019, trois scientifiques ont mis en évidence la présence d’un petit os à l’arrière du genou destiné à renforcer ce dernier : le fabella. Ils ont supposé qu’il avait fait son apparition afin d’aider l’articulation à supporter le poids d’un corps de plus en plus grand au cours des générations. 

Un autre exemple : celui des dents de sagesse. L’être humain possède dans un premier temps vingt dents de lait vouées à tomber et à laisser place à vingt-huit dents définitives et quatre molaires supplémentaires appelées dents de sagesse pour un total de trente-deux dents. Or, les molaires étaient surtout utilisées par l’Homme préhistorique qui mangeait de la viande crue. De plus, la cavité buccale a rétréci au cours des siècles, ce qui fait que de nos jours les dents de sagesse sont retirées par les dentistes, si elles existent dans la mâchoire de l’individu : de plus en plus de gens naissent avec moins de quatre dents de sagesse voire aucune.

Article rédigé par Marie Ulmann

Bibliographie :