Biostase : quand la cryogénisation n’est plus de la science fiction

Dans la plupart des films d’explorations spatiales, la cryogénisation est un élément indispensable pour survivre à un voyage aussi long. Mais en réalité, la cryogénisation requiert une température tellement basse que les cellules de notre corps ne la supportent pas et meurent. Or, il existe d’autres techniques actuellement étudiées qui pourraient, à l’avenir, nous conduire à des résultats similaires.

Mais d’abord définissons la notion de biostase.

En théorie, la biostase (ou animation suspendue) consiste à diminuer au minimum les fonctions biologiques temporairement, sur une courte ou longue durée, pour conserver l’organisme et ses capacités physiologiques dans son état initial.

La biostase peut être d’origine naturel (comme l’hibernation) ou induite par des modifications physiques (tel que la température) et chimiques. 

Les applications théoriques sont multiples : exploration spatiale, soins médicaux d’urgences, préservation d’un sujet vers une époque future souhaité, etc. L’être humain n’étant pas capable d’hiberner, nous nous concentrerons plutôt sur des états de biostase induits.

Quelques techniques, tel que la EPR pour Emergency Preservation and Resuscitation, agissant à court terme ont un principe très similaire : remplacer le sang par une solution particulière (solution saline pour la EPR) et diminuer la température du corps jusqu’au environ des 10°C.

Plusieurs essais effectués sur des chiens et des cochons ont montrés des résultats très concluants dans les années 2000. Les premiers essais humains ont débuté en 2014 à l’université de Pittsburgh par le professeur Samuel Tisherman en utilisant la EPR mais seulement chez les patients victimes d’accidents cardiaques graves leur offrant de très faible chance de survie. Les résultats officiels ne seront dévoilés qu’à partir de 2020.

Aujourd’hui, aucune technique en laboratoire ou hôpital n’a encore permis de préserver un organisme animal pour plus de quelques heures sans conséquences sur les fonctions cérébrales du sujet. Mais il existe quelques cas particuliers recensés où des individus auraient survécu pendant des dizaines d’heures ou bien plusieurs jours dans un état d’hypothermie proche de l’hibernation.

Pour conclure, nous sommes encore loin d’avoir atteint un tel potentiel « d’immortalité » qu’offre la cryogénisation de science fiction mais les efforts constants et les avancés fournis par la recherche actuelle sont très prometteurs.

Bibliographie :

  • Asfar, P; Calzia, E; Radermacher, P (2014). « Is pharmacological, H2S-induced ‘suspended animation’ feasible in the ICU? ». Crit Care. 18 (2): 215. doi:10.1186/cc13782. PMC 4060059. PMID 25028804
  •  Wu, X; Drabek, T; Kochanek, P. M; Henchir, J; Stezoski, S. W; Stezoski, J; Cochran, K; Garman, R; Tisherman, S. A (2006). « Induction of Profound Hypothermia for Emergency Preservation and Resuscitation Allows Intact Survival After Cardiac Arrest Resulting from Prolonged Lethal Hemorrhage and Trauma in Dogs »
  • Kutcher, M. E., Forsythe, R. M., & Tisherman, S. A. (2016). « Emergency preservation and resuscitation for cardiac arrest from trauma ». International Journal of Surger, 33, 209–212

Samuel Tisherman et la EPR :