Chaque jour, nous ressentons une multitude d’émotions face aux situations que nous vivons. Un déjeuner avec des amis, une mauvaise nouvelle, un collègue insupportable… et soudainement on se sent léger et heureux, on perd l’envie de sourire, ou on a l’irrésistible envie de frapper quelque chose (en général, l’objet de notre colère : le visage de ce fameux collègue par exemple…).
Mais que sont les émotions ? Et d’où viennent-elles ?
Définition des émotions :
Les scientifiques ont longtemps travaillé sur la définition de l’émotion, à les répertorier et à les classifier. Les émotions pouvant varier entre les cultures, leur nombre grimpe assez vite, comme le montre le livre « The Book of human emotions » de Tiffany Watt Smith dans lequel elle ne décompte pas moins de 154 émotions à travers le monde. Néanmoins, les scientifiques sont plus intéressés par l’identification de constantes à travers toutes ces émotions présentes dans les différentes populations humaines, afin d’identifier les émotions universelles à l’humanité. Les différentes études menées sur ce sujet ont donc permis de définir deux catégories d’émotions : les émotions primaires et les émotions secondaires.
Les émotions primaires sont les émotions de « base » du spectre émotionnel. Ce serait par exemple les couleurs primaires desquelles découlent toutes les autres. Variant entre 4 et 8 selon les études, on y retrouve les 4 fondamentales : la joie, la tristesse¸ la peur et la colère (c’est d’ailleurs la source d’inspiration du film Vice-Versa). A ces quatre peuvent se rajouter le dégoût et la surprise, voir l’anticipation et la confiance.
Roue des émotions de Robert Plutchik, source : wikipedia
A ces émotions primaires se rajoutent donc les émotions secondaires qui, comme un mélange de couleur, seraient issues de « mélanges » entre les différentes émotions primaires. Par exemple, la honte serait selon le psychologue américain Paul Ekman un mélange de peur face aux autres et de colère contre soi-même.
La sélection évolutive des émotions
En effet, on remarque que les émotions primaires semblent universelles chez les humains, mais qu’elles semblent l’être également chez d’autres animaux, par exemple un chien accueillant son maître ou encore l’exemple de cet orque essayant de maintenir son petit mort à la surface. Si les mêmes émotions sont visibles chez les hommes ainsi que chez d’autres animaux, c’est qu’elles ont été sélectionnées au cours de l’évolution.
Mais si c’est effectivement le cas, on peut se demander comment certaines émotions comme la tristesse, ont été sélectionnées. Quels seraient les avantages apportés par ces émotions ?
L’hypothèse serait que les émotions nous poussent à réagir de manière appropriée à une situation que nous affrontons. Selon une étude du psychologue évolutionniste américain Paul Andrews, la tristesse nous désintéresse des activités distrayantes, nous concentrant sur l’essentiel. Il y a également une augmentation de la réflexion (on rumine plus) et des capacités analytiques, ainsi qu’une augmentation des capacités mémorielles. Selon lui, cette combinaison de « symptômes » apparaissant de manière synchrone aurait pour but de se concentrer afin de comprendre ou de résoudre le problème source de la tristesse (une rupture par exemple).
Une autre explication de la tristesse serait un rôle social. En effet, la tristesse déclenche des réactions physiologiques : nos pupilles se rétrécissent, notre visage aborde une expression faciale, et nous pouvons également pleurer. Or, plusieurs études montrent que plus un individu présente des signes de tristesse importants, plus nous serions susceptibles d’éprouver de l’empathie à son égard et serions susceptible de l’aider. Ces ensembles de réactions seraient des signaux honnêtes pour montrer à nos semblables que nous avons besoin d’aide. Il est en effet très dur de pleurer sur commande de manière convaincante, empêchant ainsi de « tricher ».
Ainsi, les émotions ne seraient pas de simples constructions mentales mais des mécanismes biologiques acquis durant notre évolution afin de nous permettre de nous adapter aux situations et de faciliter notre communication sociale.
Rédigé par : Valentin Djian
Sources :
Paris Match : Une orque tente de sauver son bébé mort pendant plusieurs jours : https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Une-orque-tente-de-sauver-son-bebe-mort-pendant-plusieurs-jours-1566243
Teary-Eyed Evolution: Crying Serves A Purpose : https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=129329054&t=1543771710408
Does Depression Have an Evolutionary Purpose? :
http://nautil.us/issue/45/power/does-depression-have-an-evolutionary-purpose
Le catalogue des émotions :
http://www.bbc.com/future/story/20170126-the-untranslatable-emotions-you-never-knew-you-had
Andrews, P. W., & Thomson, J. A., Jr. (2009). The bright side of being blue: Depression as an adaptation for analyzing complex problems. Psychological Review, 116(3), 620-654.