Placenta et sociétés

La Maison des Maternelles

On nomme placenta “​​la partie de la couche périphérique du sac ovulaire (chorion) que vascularisent les vaisseaux allantoïdiens et qui s’accole à la muqueuse utérine (ou la pénètre) en vue d’établir des échanges physiologiques entre la mère et le fœtus” (Universalis Encyclopedia).

Petit rappel : Le cycle menstruel

Le cycle débute avec le premier jour des règles, puis a lieu la phase folliculaire au cours de laquelle plusieurs ovocytes vont subir une maturation. L’ovulation survient à la suite d’un pic de LH. La LH est l’hormone luténeisante et elle joue un rôle dans les modifications de l’ovaire au cours du cycle menstruel. Pendant la phase lutéale se développe le corps jaune (ou follicule ovarien), qui en cas de grossesse va secréter les hormones nécessaires au maintien de la grossesse. Lorsque le placenta sera formé, il prendra le relai du corps jaune qui s’atrophiera.

Le placenta est donc l’organe qui permet les échanges de sang entre la mère et son bébé. Il est rattaché au fœtus par l’intermédiaire du cordon ombilical. De plus, il assure la protection immunologique : il filtre toutes les molécules qui arrivent au niveau de l’utérus. La principale fonction du placenta est de préparer le fœtus à la vie aérienne qu’il connaîtra après sa venue au monde. Il agit comme un cocon protecteur qui définit un espace protégé et sécurisé pour le bébé. Une fois que cette barrière est rompue, la grossesse est vouée à se terminer pour des raisons surtout hygiéniques.

Après le passage de l’enfant par les voies génitales, le placenta va se décoller selon un plan de clivage. Le laps de temps qui sépare la naissance de la délivrance est la période la plus dangereuse de l’accouchement car la délivrance représentait et représente toujours l’une des causes de mortalité maternelle les plus importantes. En se décollant, le placenta crée une hémorragie importante pouvant mener à la mort de la mère.

Selon la tradition, les couples qui venaient d’avoir un enfant devaient enterrer le placenta issu de la délivrance au pied d’un certain arbre ou d’une certaine plante. Celle-ci devait conditionner le futur caractère et la future personnalité du nouveau-né. De plus, le placenta est lié à l’enfant : ce qui arrive au placenta arrive à l’enfant. C’est pourquoi traditionnellement le placenta ne doit être altéré en aucun cas, il ne doit pas être brûlé ou dévoré… En Afrique de l’Ouest certaines sociétés ne considèrent pas l’enfant comme “né” tant que le placenta n’a pas été expulsé. Il sera par la suite placé dans un récipient en terre cuite rempli d’eau puis enterré. Chez les Dogons (une population du Mali), chaque placenta est considéré comme une copie du placenta originel du dieu Amma. Chez les Muong (Vietnam), le placenta doit être exposé hors de la maison pour protéger le nouveau-né des Ma (les esprits des morts).

ULMANN Marie

Sources :

  • Universalis‎, Encyclopædia. « PLACENTA ». Encyclopædia Universalis, https://www.universalis.fr/encyclopedie/placenta/
  • Tillard, Bernadette. « Le placenta : entre oubli familial et investissement médical ». Face à face. Regards sur la santé, no 6, février 2004. journals.openedition.org, https://journals.openedition.org/faceaface/371
  • Gersant, Michèle. « Le placenta : approche historique, anthropologique et psychanalytique ». Dialogue, vol. 228, no 2, août 2020, p. 181-200. www.cairn.info, https://www.cairn.info/revue-dialogue-2020-2-page-181.htm

Source photographique : 

  • « À quoi sert le placenta ? » La maison des maternelles, http://www.lamaisondesmaternelles.fr/article/quoi-sert-le-placenta