La mort cellulaire

Par Alizée FERNANDES PEREIRABiocalendrier de l'Avent 2021

© Kateryna Kon. Sciences et avenir

Chacune des cellules dans notre corps possède la capacité d’autodestruction. On parle aussi souvent de mort cellulaire ou bien également de « suicide cellulaire ». Mais qu’en est-il réellement ? Comment les cellules sont-elles capables de se détruire elles-mêmes ? 

Avant d’aborder ce sujet, il est intéressant de donner une définition de la mort cellulaire programmée. C’est l’un des « processus par lequel des cellules surnuméraires, dysfonctionnelles ou ectopiques, disparaissent de l’organisme » (Arnaud Couzinet et al.). 

Si les cellules sont capables de programmer leur propre mort, ce n’est pas sans raison. En effet, la mort cellulaire est essentielle pour le maintien de l’intégrité de l’organisme. Les cellules possèdent une certaine information génétique qui code pour des protéines particulières impliquées dans la mort cellulaire. Ces protéines sont des effecteurs qui déclenchent l’une des voies de la mort cellulaire. Il existe différents types de processus de mort cellulaire. Nous allons étudier les deux principales : l’apoptose et la nécroptose. 

Tout d’abord, la mort cellulaire se déroule en général par apoptose. Elle concerne plusieurs millions de cellules par jour dans le corps humain. Le processus est discret, rapide et efficace. L’apoptose est déclenchée par un signal qui peut être soit interne ou externe aux cellules. Dans le cas de la signalisation interne, c’est la perte de l’intégrité membranaire des mitochondries qui induit l’apoptose. En effet, celles-ci possèdent des protéines qui sont capables de provoquer la mort cellulaire. La seconde voie qui est externe induit l’apoptose grâce à des récepteurs membranaires de mort (Fas/CD95 notamment). Lorsque les ligands vont se lier à ces récepteurs, cela va déclencher l’apoptose. 

Dans les deux voies, cela va provoquer l’activation d’enzymes particulières : les caspases. Elles vont provoquer la dégradation par clivage de la cellule.

Schéma explicatif de l’apoptose (afin de simplifier le processus, nous n’avons pas abordé tous les points de l’apoptose)

Un second processus de la mort cellulaire, et dont vous avez sûrement déjà entendu parler, est la nécrose régulée aussi connue sous le nom de nécroptose. Ce processus se caractérise par des changements importants de la membrane cellulaire, notamment une rupture de l’intégrité membranaire. On distingue aussi un gonflement des organites intracellulaires. Cela finit par aboutir à la mort de la cellule. La protéine MLKL (Mixed Lineage Kinase-Like Protein) est impliquée dans la nécroptose. En effet, c‘est l’effecteur clé de ce processus. Selon la chercheuse Tiphaine Douanne, voici le rôle de la protéine MLKL : « MLKL promeut la synthèse de cytokines pro inflammatoires et peut parallèlement former un complexe qui s’insère dans la membrane plasmique pour déclencher la mort cellulaire ». Les cytokines sont des hormones du système immunitaire. En effet, la nécroptose s’accompagne de la libération de différentes cytokines et de médiateurs de l’inflammation. On retrouve notamment IL8, IL10, TNFα. C’est d’ailleurs pour cela que la nécroptose engendre une inflammation des tissus environnants. L’étude de la nécroptose est un enjeu pour le domaine médical. En effet, elle est impliquée dans plusieurs maladies telles que l’Alzheimer, la sclérose en plaques mais également des cancers.

Schéma explicatif de la nécroptose (afin de simplifier le processus, nous n’avons pas abordé tous les points de l’apoptose)

D’autres processus provoquant la mort cellulaire existent également tels que l’autophagie ou bien la catastrophe mitotique. Cependant, on préfère les considérer comme des systèmes de survie et de protection cellulaire.

Alizée Fernandes Pereira

Sources : 

  • « Du nouveau sur la nécroptose, plan B de la mort cellulaire programmée ⋅ Inserm, La science pour la santé ». Inserm, https://www.inserm.fr/actualite/nouveau-sur-necroptose-plan-b-mort-cellulaire-programmee/
  • Cabon, Lauriane, et al. « La mort cellulaire programmée ne manque pas de vocabulaire ». médecine/sciences, vol. 29, no 12, décembre 2013, p. 1117‑24. www.medecinesciences.org, https://doi.org/10.1051/medsci/20132912015
  • Couzinet, Arnaud, et al. « Régulation de la mort cellulaire programmée : vers une conception plus dynamique ». médecine/sciences, vol. 18, no 8‑9, août 2002, p. 841‑52. www.medecinesciences.org, https://doi.org/10.1051/medsci/20021889841