Symbiose 6
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Figure 1 : Le DOLIPRANE® sous toutes ses formes 

Le DOLIPRANE®, tout le monde le connaît : ce médicament est l’un des plus prescrit et consommé au monde. Malgré son ancienneté (synthétisé à la fin du XIXᵉ siècle), ses mécanismes d’action précis n’ont longtemps été que partiellement compris. Les avancées récentes en pharmacologie permettent aujourd’hui de mieux comprendre comment celui-ci agit sur notre corps et quelles en sont les limites. 

  1. Description 

Le DOLIPRANE® contient une seule molécule, le paracétamol (figure 2) 

Figure 2 : Formule moléculaire, structurale et masse molaire du Paracétamol 

Le paracétamol, c’est un antalgique et antipyrétique central utilisé de manière quasi universelle pour traiter la douleur légère à modérée et la fièvre. Cependant, celui-ci ne calme pas l’inflammation comme l’ibuprofène ou l’aspirine mais agit au niveau du cerveau, là où les signaux de douleur et de température sont gérés.

Le médicament est vite absorbé par le corps et présente une bonne biodisponibilité. La concentration plasmatique maximale (Cmax) est atteinte en général 30 minutes à 1 heure après l’ingestion orale.

La plupart est transformée par le foie en substances inoffensives (métabolisé essentiellement par glucuro- et sulfo conjugaison), mais une petite partie devient un produit toxique (NAPQI). Normalement, le foie l’élimine sans problème grâce à une molécule protectrice, le glutathion.

  1. Mécanismes d’action 

Sur le plan pharmacologique, le paracétamol inhibe dans le système nerveux central certaines isoformes des cyclo-oxygénases, entraînant une diminution de la synthèse de prostaglandines E2, impliquées dans la nociception et la régulation thermique. Les signaux douloureux sont moins forts, et la température baisse. Il active également les voies inhibitrices sérotoninergiques qui atténuent la transmission des signaux douloureux. Une partie du paracétamol est transformée dans le cerveau en un métabolite, l’AM404, qui module le système endocannabinoïde et des récepteurs tels que TRPV1, qui calment la douleur d’avantage.

Figure 3 : Métabolisme et pharmacologie du paracétamol

Figure 4 : Représentation schématique du mécanisme d’action central du paracétamol 

  1. Avantages, et limites

Le DOLIPRANE® fonctionne bien pour beaucoup de douleurs courantes : maux de tête, règles, muscles, articulations… Par ailleurs, il est très apprécié car il est bien toléré par la majorité des gens (peu d’effets secondaires), n’abîme pas l’estomac, et peut être utilisé chez l’enfant, les personnes âgées, et dans de nombreuses situations où les anti-inflammatoires ne conviennent pas. 

Cependant, le paracétamol est sûr à dose thérapeutique, mais il possède une fenêtre thérapeutique étroite. En effet, une petite partie du paracétamol se transforme dans le foie en une substance toxique. A la dose normale, notre organisme l’élimine sans problème. Mais si on dépasse les doses recommandées, le foie n’arrive plus à tout neutraliser, et il devient toxique. Le paracétamol est l’une des premières causes d’hépatotoxicité médicamenteuse évitable dans le monde.

Conclusion 

Cliniquement, le paracétamol demeure un choix de première intention pour la fièvre et les douleurs non inflammatoires, grâce à son efficacité et son profil de tolérance favorable. Sa limite principale reste sa fenêtre thérapeutique étroite, qui impose une utilisation prudente de ce médicament, en faisant bien attention à respecter les dosages prescrits.

Sources : 

  • Doliprane® : indications et posologie, effets secondaires
  • Humans, IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to. « Paracetamol (Acetaminophen) ». Pharmaceutical Drugs, International Agency for Research on Cancer, 1990. www.ncbi.nlm.nih.gov, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK526213/.
  • Wang, Yuanqiang, et al. « An insight into paracetamol and its metabolites using molecular docking and molecular dynamics simulation ». Journal of molecular modeling, vol. 24, no 9, août 2018, p. 243. PubMed Central, https://doi.org/10.1007/s00894-018-3790-9
  • Mallet, Christophe, et al. « An Updated Review on the Metabolite (AM404)-Mediated Central Mechanism of Action of Paracetamol (Acetaminophen): Experimental Evidence and Potential Clinical Impact ». Journal of Pain Research, vol. 16, 2023, p. 1081‑94. PubMed, https://doi.org/10.2147/JPR.S393809
  • Bührer, Christoph, et al. « Paracetamol (Acetaminophen) and the Developing Brain ». International Journal of Molecular Sciences, vol. 22, no 20, octobre 2021, p. 11156. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.3390/ijms222011156.

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